REVER LES YEUX OUVERTS

Des Baléares à Gibraltar

 

De Alcudia à Carthagène

 

Dimanche matin, 20 septembre 2009, nous mettons cap au Sud Ouest pour rejoindre progressivement Gibraltar.

Les côtes nord de Majorque présentent d’impressionnantes falaises rouges, qui souvent plongent à pic dans la mer. Même sous un ciel gris, le spectacle est magnifique.

Après à peine 2h de traine, la nouvelle canne sort sa première prise, un maquereau de 38 cm. Elise se réfugie dans sa cabine. Adrien essaie de la rassurer en lui disant que le poisson n’est pas gros et qu’il ne saigne pas. La cuisinière est ravie, il va encore falloir vider le poisson. Moi aussi, je vais commencer à être dégouttée du poisson…

 

 

Dans la nuit de dimanche à lundi, le temps orageux explose. . Dans le canal de Majorque nous slalomons entre les fronts noirs illuminés d’éclairs. Vers 3h du matin, un message d’alerte passe en boucle sur la VHF et annonce une mini tornade répertoriée aux alentours de Palma. Un peut stressant… Nous prenons les devant pour éviter les rafales sous orages. Au moment où nous réduisons la toile, l’anémomètre monte en flèche de 20 à 38 nœuds. Impressionnant !

Ces moments durs font partis du contrat signé avec la mer. C’est comme le mariage ;o) 

Après cette nuit mouvementée, nous vivons un réveil difficile. Les enfants sont en pleine forme ! Hervé réussit à donner les cours de maths. La professeur de français, a bien de envie de donner un mot d’absence au proviseur… Ce sera la première et la dernière fois que j’abandonnerai la classe pour cause de grosse fatigue.

Après ces 24 heures de navigation, une belle journée de mer nous est offerte. A 18h le moulinet se déroule. Une coryphène dorée s’est fait avoir par notre leurre magique. Mais elle nous a bien leurrés à son tour. Après 20 minutes de combat acharné, elle réussi à s’échapper. Hervé me soutient qu’elle fait au mois 2 kilos, mais on ne pourra pas le prouver. Elle est repartie chez Némo. Nous relâchons la ligne et 2 minutes après une nouvelle Coryphène dorée est prise au piège. La routine du pêcheur s’installe…

Un bon poisson au four remplacera notre pizza ! Les enfants ne sont pas convaincus par nos arguments pour goûter ce plat délicieux. Ils dégusteront un riz-surimi. Sacrilège… ça leur passera peut-être, espérons…

Le début de nuit est tranquille, Teoula marche à 4-5 nœuds vers le SW, à 5h le vent se lève à 10-15N et nous parcourons les 60 miles qui nous séparent de Carthagène en 7h. Quel plaisir d'avancer à 8-9N dans le nuit sur une mer calme.

Mardi midi, le vent est timide et ne nous permettra pas d’avancer rapidement vers Gibraltar. Nous préférons passer la nuit au yacht club de Carthagène. Nous avons reçu un accueil vraiment charmant ! Et en plus le port facture la place de port au même prix que celui d’un monocoque. Rarissime en Méditerranée. A Mao, même amarrés sur une bouée, le prix était au m². Je croyais rêver !!

 

 Dans la rade de Carthagène, se côtoient le port de plaisance et l’arsenal militaire. La ville nous avait tout d’abord laissé une impression de grisaille avec ses installations portuaires. Et nous sommes finalement restés sous le charme d’une ville festive et marquée d’histoire. Les fêtes des Carthaginois et de Romains venaient juste de clôturer. L’Audi Medcup remballait ses podiums.

Après une séance de CNED, nous approfondissons la découverte du monde marin … une fois de plus, avec la visite du Musée National d’Archéologie sous Marine et ses multiples objets témoignant de l’époque phénicienne, punique et romaine. Nos ancêtres marins avaient bien plus de mérite que nous de parcourir les océans... A tous les amis navigateurs ou autres qui passez par là, nous vous le conseillons vivement.

 

 


 

Après 48h de nav, une petite halte à Marbella nous permettra de nous reposer et prévoir notre arrivée dans le détroit de Gibraltar dans de bonnes conditions c'est-à-dire de jour et surtout avec la marée descendante afin de profiter du courant de marée qui s’oppose au courant naturel de 2N qui remplie en permanence la Méditerranée et qui compense l’évaporation.

De Marbella, nous imaginions bien la rangée de palmiers et les barres d’immeubles blancs de haut standing.  Pas de surprises, au pied des palmiers et sur les terrasses, nous avons trouvé les sacs Vuitton, robes du soir et Rolex en or. Mais, c’est plus haut dans la charmante petite ville andalouse que nous nous sommes arrêtés prendre un petit mojito avec les sinusoïdes de Flamenco d’Anna Maria.

 

Gibraltar, so british !

 

Samedi 27 septembre, nous apercevons le piton calcaire de Gibraltar et sa horde de géants des mers. Ces navires me donnent le vertige, et je n’aime pas trop slalomer  à la voile entre ces navires et les rafales de la baie ! En veste de quart sous la pluie, nous n’avons pas l’impression d’être à 15km de la côte Africaine.

Le mouillage indiqué sur notre guide nautique entre l’aéroport et le brise lame est maintenant interdit. Nous jetons l’ancre au nord du brise lame de La Linea de la conception (donc en Espagne) parmi de nombreux bateaux de voyage (allemands, espagnols, polonais, américains et français).

 Nous partons à la découverte de « Gibraltartar » (rebaptisée par les enfants), territoire devenu britannique en 1779, lors de la guerre de Succession d’Espagne.

Nous amarrons notre annexe sur un ponton de l’Ocean Marina et recherchons un bureau de douane pour nous déclarer. Nous contournons le port et le yacht club deMarina Bay nous précise que les formalités doivent être effectuées à la frontière. Tranquillement nous retournons sur nos pas et … cauchemar nous apercevons au milieu du port une navette orange de la police maritime embarquant brutalement notre chère annexe jaune à la fourrière... Il n’aura pas fallu ½ heure aux autorités britanniques pour faire appliquer la loi. So British…

Les poulets-roastbeefs ont l’air plutôt déçus/gênés de n’avoir affaire qu’à des non-trafiquants de drogue ou clandestins. Pour détendre l’atmosphère, le « chef » était tout fier de « fiver » avec Adrien qui portait le même prénom que lui… Ses collègues se confondaient en excuses de n’appliquer que la loi. Cette scène s’est terminée par une simple vérification de papiers. Mais bon ils ont massacré notre câble antivol et on ne s’attendait pas à cet accueil. On est français et un peu râleurs avant tout…

Le lendemain, nous laissons notre annexe sous l’œil bienveillant et payant (5 euros) de la Marina de la Linea en Espagne. Nous passerons la frontière à pied en traversant la piste d’atterrissage de Gibraltar… Original…

Après un petit stop au Sheppard’s, l’incontournable shipchandler de la ville, le funiculaire nous emmène au sommet du rocher légendaire. Les enfants sont fous de joie d’y rencontrer les célèbres singes de Gibraltar ! Ces macaques ont été ramenés d’Afrique du nord par les troupes anglaises de la fin du 18ème siècle. Nous visiterons aussi les grottes de saint Michael, qui d’après la tradition n’auraient pas de fond et un tunnel rejoindrait la côte africaines… Personne ne l’a encore prouvé…

Demain nous posterons la première séquence de cours du CNED. Et de une (sur 10).

Et l’Atlantique sera à nous !!!!!!!!!!!!

 (article publié le 29 septembre depuis un cybercafé de La Linea de la conception).

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